Coin mystérieux de Charleroi, la ville haute carolo est vite oubliée par les 18-25ans au profit des bars branchés du bas de la ville. Et pourtant… Magasins de seconde main, boulangeries, lieux culturels, panorama imprenable… La ville haute a de quoi être fière ! Son atout majeur ? Le BPS 22. Ce n’est, ni un nom de médicament ni une appellation en robotique, mais bien espace d’art contemporain !
Le BPS22 en bref
BPS22 est l’acronyme du bâtiment Provincial Solvay n°22. C’est devenu le musée d’art de la province du Hainaut. Le musée se fond si bien dans le paysage qu’il pourrait passer inaperçu. Pourtant c’est un des lieux pionniers du développement culturel de Charleroi. Après sa rénovation en 2015 il devient un espace de création contemporaine. Les 1000 m2 sont dédiés à des expositions temporaires. Ne répondant à aucun code artistique, le style du BPS 22 se veut hétéroclite. À chaque projet, l’inventivité artistique nous émerveille. Partie à la découverte du lieu il y a bientôt un an, j’avais été déçue. C’est pourquoi j’y suis retournée en ce premier dimanche du mois. C’est un détail important car tous les premiers dimanches… C’est gratuit.
L'expo temporaire du moment : us or chaos
À tort ou raison, je me renseigne rarement sur l’expo en cours quand je visite un lieu artistique. Heureusement pour moi, la démarche était expliquée grâce au journal distribué en début de parcours. Le contexte ? Suite au climat de peur et cette politique de répression installée par les états après les attentats du 11 septembre, les artistes ont voulu réagir et s’expriment violemment sur le sujet.
Je comprends la démarche mais mon seuil de tolérance concernant la brutalité des œuvres a été atteinte. Je prends en exemple mon coup de cœur de l’expo. Des plaques brûlantes sont disposées au centre de la pièce où un éclairage est met en avant cette ligne de dix carrés. Des gouttes tombent et leurs impacts dessinent des auréoles légèrement colorées. Après avoir été émerveillée par l’originalité et la beauté dont l’artiste fait preuve, j’apprends (grâce au journal) que les gouttes tombent depuis un morceau de tissu utilisé pour nettoyer les corps dans une morgue à Mexico… Tout de suite, c’est moins drôle.
À nouveau, la première salle à l’entrée, sur la droite, était une succession de tubes bicolores disposés en carrés. D’après le fascicule, la couleur noire est celle du pétrole brut irakien et le blanc du gaz d’argon actif. Assemblés, cette opposition représente l’utopie et la dystopie de notre monde. En fait, chaque production artistique détient un sens improbable que l’on ignore sans la brochure et dénonce les actions insensées de nos gouvernements.
Avec sa structure en métal, ses vitraux et l’utilisation du béton comme matériau, le hall principal prend des allures d’entrepôt. C’est d’ailleurs la force du musée. En effet, grâce aux volumes et à l’espace du lieu, le BPS22 peut acceuillir des expos hors normes. Visuellement, c’est toujours intéressant. Pour les enfants c’est une bonne idée de sortie car ils pourront observer des oeuvres en 3D et pas uniquement du 2D.
On peut approcher les oeuvres, parfois les toucher et même utiliser certaines d’entre elles selon les expositions. Pour toutes les ‘Marie t’chipote’, c’est le paradis.
Verdict ?
Même si je n’ai pas aimé certaines oeuvres, dénoncer via l’art est une démarche que je prône et soutiens. Certes la violence est présente mais c’est une violence « passive ». Le message transmis par les œuvres suffit pour une remise en question profonde sans avoir recours aux cris ou à la casse. Quand la culture appelle à la critique de notre monde, cela vaut la peine de s’y intéresser.
Rendez-vous au BPS 22 !
BPS22 : infos pratiques
Boulevard Solvay 22, 6000
Le prix est de 6 euros l’entrée mais il y a une réduction pour les étudiants, groupes, demandeurs d’emploi et seniors. Le musée est ouvert du mardi au au dimanche, de 10h à 18h.
Envie d’un renseignement supplémentaire ? 071 27 29 71.